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La crypto-monnaie plaît, c’est un fait. Libéré des brides d’une monnaie dont la valeur est déterminée par des décisions gouvernementales (à grands coups d’emprunts colossaux faits entre banques centrales) les monnaies virtuelles incarnent un idéal démocratique.

Mais, quand c’est un géant comme Facebook qui annonce son futur moyen de paiement, forcément, c’est plus si simple…

Si on peut se réjouir de l’énorme visibilité que ce type de projet apporte à l’écosystème de la Chaîne de Blocs et des monnaies numérique, les limites de Libra ont de quoi faire réfléchir :

Cette nouvelle cryptomonnaie initiée par le plus gros réseau social mondial a pour objectif principal de rendre aussi simple et rapide l’envoie d’argent que celui d’une photo.

Des paiements instantanés, gratuits ou presque et sans compte bancaire nécessaire ; cette monnaie unique serait gérée par une organisation sans but lucratif fondée par de grandes compagnies capables de la financer.

Les 5 raisons qui font douter…

 

1 – La dichotomie entre monnaie centralisée & nouvelles monnaies décentralisées

Réaliser une transaction en euro, en dollar ou tout autre devise monétaire est rassurant grâce à la confiance des utilisateurs dans cet actif. Cette confiance que la centralisation a rendu possible à pourtant ses limites…

Le plus gros point faible de ces devises, c’est leur valeur intrinsèque et leur gouvernance qui n’est pas fixée par ses utilisateurs ou par la manière dont ils l’utilisent. C’est le syndrome de la centralisation : les institutions bancaires, gouvernementales et financières décident pour la quasi-totalité des utilisateurs.

Dans le cas de Libra (lien du site officiel) : il suffit de transposer le modèle de la centralisation en remplaçant, la banque centrale européenne, les institutions gouvernementales et financières par un conglomérat de grandes firmes.

 

 

 

À l’heure où le Bitcoin et beaucoup d’altcoins permettent à leurs utilisateurs de faire partie d’un système de gouvernance décentralisé et de contribuer aux développements de la blockchain, difficile de concevoir Libra comme un projet réellement pertinent.

2 – La transparence

À date, nous savons que l’initiative Libra sera gérée par un comité où chaque firme cofondatrice n’a qu’une seule voix lors des assemblées.

Ses assemblées seront convoquées afin de gérer la cryptomonnaie, ses projets et ses transactions.

Le projet est fondé par d’énormes sociétés telles qu’ Iliad (Free), Spotify, Vodafone ou encore Uber qui ont rejoint Facebook dans cette initiative.

 

Liste des premiers partenaires du projet Libra.

Liste des sociétés partenaires du projet Libra.

 

À mesure que la feuille de route du projet se précise (avec un lancement prévu pour mi-2020), on redoute une méthode de gouvernance pervertie par des intérêts communs entres ces sociétés à l’encontre des fondements de la blockchain.

Cette blockchain privée qui ne sera contrôlée que par les détenteurs de « voix » au sein de l’organisation se place directement en opposition avec les blockchain publiques nettement plus démocratique. Dans ce sens, les classes politiques rappellent que cette monnaie électronique n’a aucun caractère souverain.

3 – Les enjeux

Facebook ne cache pas ses ambitions de faire croître considérablement ses revenus publicitaires par ce biais.

 

2 Milliards d’utilisateurs (seulement pour le réseau Facebook) qui subitement n’utilisent plus qu’un système monétaire est une opportunité en or pour l’entreprise d’utiliser des données encore plus confidentielles que celles publiées par les utilisateurs de comptes : leurs données financières.

Avec des publicités ciblées encore plus précisément, et des utilisateurs qui peuvent utiliser un système financier produit par Facebook et donc de rester dans l’écosystème numérique de Facebook plus longtemps, l’entreprise de Mark Zuckerberg à toutes les chances d’atteindre son objectif.

Pourquoi les annonceurs (ou toute personne qui fait de la publicité sur Facebook) se priveraient de cette nouvelle fonctionnalité de ciblage et de ces nouveaux espaces publicitaires à couvrir ?

Le risque est aussi de voir apparaître une nouvelle banque centrale privée qui viendrait en concurrence des banques centrales d’États.

4 – La sécurité du paiement

Si l’ambition du Groupe Facebook est de rendre les moyens de paiement aussi simple que l’envoi de photo alors qu’en sera-t-il de la sécurité des comptes ? 

Difficile à dire…

Aujourd’hui il est très complexe pour un hacker d’outrepasser une sécurité biométrique comme celle d’un iPhone dernière génération alors que le système de sécurisation des comptes Facebook est un mot de passe qui peut être aussi simple que « AZERTY »…

On a peu d’éléments nous permettant de juger (d’un point de vue de la cryptographie) des futures mesures de sécurité qui seront prise par l’organisation.

Calibra (entité dépendante de Facebook) est en charge du développement de ce système de paiement par monnaie virtuelle.

Exemple d'utilisation du libre via le produit Facebook Messenger

Aperçu du site Calibra et des futurs intégrations du Libra aux produits Facebook comme ici avec Facebook Messenger.

5 – L’utilité (valeur refuge ou non)

La question de la légitimité du projet à de quoi être soulevé dans le contexte actuel.

En effet, à l’aube d’une nouvelle crise financière mondiale, voulons-nous confier à une poignée de très grandes sociétés nos réserves de valeurs ? 

Les questions entourant une nouvelle crise financière ne sont pas de savoir si elle va avoir lieu, mais plutôt quand ? Les dernières réinjections astronomiques d’argent par la FED dans les grandes banques commerciales américaines ne sont que des signes avant-coureurs du cataclysme financier à venir…

Avec les milliers d’altcoins et stablecoins déjà disponibles sur le marché des cryptomonnaies, la Libra ne repose que sur le poids de ses nombreux partenaires de renoms qui abonnent un à un le navire sous la pression des institutions en places… Sous couvert d’une inclusion financière plus juste, si Facebook s’obstine aujourd’hui dans ce projet, c’est dans un objectif de conservation de ses utilisateurs au sein de son propre écosystème.

Si le livre blanc (exposé plus haut) du projet précise que chaque Libra en circulation correspondra à 1 unité de devises effectivement disponible dans les réserves de la fondation ( ex: 1 Libra = 1 Euro ), aucune précision n’est faite quant à la limite du nombre de Libra maximum émit.

 

Libra en quelques dates clés…

 

  • MAI 2018 : Le français David Marcus quitte la direction de FB Messenger pour prendre la tête de la division recherche Blockchain du groupe Facebook et quitte son siège au Conseil d’administration de Coinbase

 

  • DECEMBRE 2018 : Plusieurs rapports (Article VTFD)  internes mettent en avant la volonté du groupe de créer sa propre monnaie 

 

  • FEVRIER 2019 : Plus de 50 ingénieurs blockchain travaillent sur le projet crypto Facebook

 

  • MAI 2019 : Facebook confirme ses crypto-ambitions, on entend pour la première fois les termes « Global coin » ou Facebook Coin »

 

  • JUIN 2019 : Facebook annonce officiellement (Article VTFD) son projet Libra, son objectif de lancement au premier trimestre 2020 et la liste des futurs partenaires fondateurs de l’organisation Libra (association de gestion de la crypto-monnaie)

 

  • JUILLET 2019 : Facebook prévient que son service ne sera pas lancé tant qu’un terrain d’entente n’aura pas été trouvé avec les régulateurs financiers.

 

  • Septembre 2019 : Mark Zuckerberg CEO de Facebook, affirme attendre l’accord du régulateur américain avant de propager Libra à l’échelle Mondiale.

En France, Bruno Le Maire – Ministre de L’Économie alerte le Parlement au sujet du projet Libra et des risques en matière de protection des données personnelles, de lutte en matière blanchiment d’argent et de financement du terrorisme :

« Nous n’accepterons pas qu’une entreprise multinationale privée ait la même puissance, la même puissance monétaire que les Etats souverains qui sont soumis au contrôle démocratique ; car la grande différence entre Facebook et les Etats, c’est que nous sommes soumis au contrôle démocratique, c’est-à-dire au contrôle du peuple » Il qui précise que la France, l’Italie et l’Allemagne préparent des mesures d’interdiction du Libra en Europe.

 

  • Octobre 2019 : Plusieurs alliés du projet arrêtent de soutenir le projet Libra.
Liste des partenaires de Libra en date en Nov.2019.

Les partenaires qui se séparent du projet Libra.

 

Néanmoins le 14 Octobre, l’Association Libra (à but non lucratif) annonce son lancement avec le soutien de 21 entreprises.

 

 » 21 sociétés-membres sont inscrites dans l’Association Libra et adhèrent à la charte qui formalise le Conseil de l’Association Libra aujourd’hui. C’est un grand pas vers l’inclusion financière globale… »

L’organisation à désormais ses bureaux au 13 Quai de l’Isle à Genève, qui luit ont été mis à disposition par l’un des célèbres partenaire de Facebook : Regus.

 

 

Position de la BCE, spéculation, taux de change, volatilité, les zones d’ombres se multiplient autour de ce projet. Pensez-vous que Libra arrivera en France avant 2021 ?

 


Cet article n’est pas une recommandation d’investissement dans les cryptomonnaies et ICO. Ces investissements sont risqués et spéculatifs. VaTeFaireDécrypter publie des articles les plus objectifs possibles et ne peut être tenu pour responsable en cas de pertes liées à des placements de la part de ses lecteurs. VaTeFaireDécrypter ne fait pas garantie de l’exactitude des informations de ce document.

Nelson Bonil

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